Je porte une immense admiration envers la confrérie hétéroclite des luthiers.

Ce métier exige des qualités d’exception : une parfaite maitrise du travail du bois mais aussi de mille autres matières, une oreille affutée, une patience infinie, beaucoup de créativité, un haut niveau d’exigence, un sens de l’écoute et de la psychologie vis à vis des clients, etc…

Seuls face à eux-mêmes dans leur atelier, seuls responsables de leurs réussites comme de leurs échecs, ils ne sont guère mis en valeur par les temps qui courent dans nos sociétés industrielles. 

Depuis la préhistoire, ils témoignent de l’extraordinaire créativité de l’humanité. Ils montrent que partout et de tous temps les hommes ont déployé une invincible énergie dans le seul but de faire éclore quelques vibrations d’air, certes minuscules et invisibles, mais précises et capables à elles seules de modifier parfois jusqu’à la destinée des peuples.

Aucun musée, aucune encyclopédie ne réunit aujourd’hui l’ensemble des instruments de musique imaginés par les luthiers du monde : une énorme partie de ce qui a été pensé et fabriqué n’a pas encore été découvert ou est tombée dans les oubliettes de l’histoire. 

Et pourtant, si l’on se penche un peu sur ceux que l’on a répertoriés à ce jour, on est frappé par la variété des matières utilisées, par la précision technique obtenue par des procédés qui semblent parfois bien rudimentaires mais qui ont été très finement pensés, et surtout par l’infinie diversité des sons qui ont ainsi été mis à notre disposition.

Les luthiers sont des sculpteurs de sons, des accoucheurs de l’âme.